Atil développe des emballages écoresponsables à partir de fibres végétales issues de l’agriculture bretonne. L’entreprise s’inscrit dans la volonté régionale d’engager le territoire dans la transition écologique et de valoriser les biomasses agricoles.
Des végétaux pour remplacer le plastique
Du lin, du sorgho et du chanvre pour remplacer le plastique et le carton des emballages à usage unique ? C’est le pari que fait Christophe Philippe, dirigeant d’Atil. La R&D de la jeune entreprise a développé en 2022 un procédé innovant de transformation de la paille de ces végétaux en cellulose. « Le contexte économique et géopolitique mondial se complique et génère des tensions fortes sur l’approvisionnement des matières premières, constate le dirigeant. Les prix du plastique et du carton ont augmenté de 20 à 40 %. On doit trouver des solutions locales pour réduire notre dépendance aux importations. » Cette quête d’indépendance, de souveraineté, ne sont pas les seules raisons qui ont poussé Christophe Philippe à tenter l’aventure. S’investir dans « la nécessaire adaptation de notre territoire et de notre agriculture au changement climatique en encourageant la culture des plantes vertueuses d’un point de vue agronomique » en est une autre. « Valoriser les coproduits de ces cultures et renforcer la capacité industrielle du secteur agro-alimentaire », aussi.
Valoriser les coproduits agricoles
Cultiver et produire localement est « essentiel » pour Christophe Philippe. « Toute notre chaîne s’inscrit dans l’écosystème local. » L’agriculteur qui fournit les balles de paille en constitue le premier maillon. Faire pousser du lin et du chanvre en Bretagne ? « On n’a rien inventé », dit l’entrepreneur. La région est une terre fertile pour ces variétés cultivées massivement aux 18 et 19e siècles, et tombées ensuite en désuétude. On redécouvre leurs atouts, dont la résistance à la chaleur et à la sécheresse n’est pas le moindre. Autres vertus : « la culture du chanvre, par exemple, ne nécessite que peu ou pas d’intrants. Il est idéal en interculture comme couvert végétal ; sa croissance rapide empêche les herbes indésirables de s’installer et son système racinaire enrichit le sol : un blé planté après aura un rendement augmenté de 10 à 15 %. Le chanvre permet deux récoltes : la graine, pour l’alimentation humaine, et un coproduit, la paille, que nous achetons. Il n’y a pas de compétition avec les cultures nourricières, et l’exploitant est assuré d’un double revenu. »
Prototypage en impression 3D
La paille est transformée en cellulose moulée, adaptable aux besoins du produit à emballer. Atil a développé un procédé de prototypage rapide : des moules en impression 3D à la place de l’alu, réalisés en interne, « qui permettent de sortir un prototype en quelques heures quand un usinage nécessite quelques semaines, et pour un coût bien moindre, annonce le dirigeant. Nos clients peuvent ainsi tester notre solution sans que cela leur coûte trop cher. »
Au sein de Socoboost, l’incubateur du groupe vannetais Socomore, Atil a lancé sa production sur une ligne industrielle opérationnelle depuis octobre 2023. Une unité « en capacité de produire des séries de 50 à plus de 5000 pièces, dimensionnée à l’échelle de la région », explique Christophe Philippe. Son objectif ? « Nous développer suffisamment pour dupliquer cette ligne en plusieurs lieux, au plus près de nos fournisseurs agricoles et de nos clients, TPE-PME industrielles en agro-alimentaire et cosmétique. Avec plusieurs petites unités industrielles, nous conservons notre positionnement en circuit court : des fournisseurs et des clients installés à moins de 100 km de chaque unité. »
Dans la poubelle de tri
Assimilés à du papier, les emballages que développe Atil sont compostables et recyclables. « Avant de nous lancer, nous nous sommes assurés que nos produits puissent être déposés dans la poubelle jaune, explique l’entrepreneur. La filière de recyclage est en place, les gestes des consommateurs éprouvés. Pour nous, c’était crucial. » Et pour la traçabilité des produits ? « Elle est incomparable : grâce à la simplification de notre chaîne de valeur, nous sommes en capacité d’indiquer à notre client ou au consommateur la parcelle où a été cultivée la paille de l’emballage qu’il a dans les mains. Nous apportons une réponse à un réel sujet d’inquiétude. »
Un écosystème régional bienveillant
Pour l’aider à grandir, Atil peut compter sur un environnement facilitant : « je me sens épaulé par l’écosystème breton, se réjouit son dirigeant, membre d’Entreprendre Bretagne. Atil est accompagnée et financée par BPI et la Région Bretagne, bénéficie de l’expertise de réseaux comme Biotech Santé Bretagne, la technopole de Vannes, Valorial… Grâce à eux, nous avons rapidement accès à nos clients potentiels et aux acteurs économiques bretons. C’est une force, et un gain de temps énorme. »
💡 En savoir plus >> atilfrance.fr I Christophe Phillipe
Publié le 28/03/2024