[Dossier santé mentale] La réalité virtuelle pour traiter la dépression des personnes agées

Afin d’améliorer la qualité de vie des seniors, les acteurs bretons de la e-santé proposent des solutions innovantes. Un exemple notable est le casque de réalité virtuelle conçu par Live-Out. L’entreprise travaille en étroite collaboration avec des scientifiques et des établissements pour personnes âgées, en restant toujours attentive aux besoins des utilisateurs.

Rencontre avec Vincent Gérard, dirigeant-fondateur de Live-Out

Quelle utilisation font les personnes âgées de vos solutions de réalité virtuelle ?

S’évader en 2 CV, partir à la cueillette aux champignons, flâner dans les champs parmi les vaches, ou même effectuer un saut en parachute… Ces expériences sont régulièrement vécues par des personnes âgées, avec plaisir et facilité, dans les établissements qui les accueillent, grâce à notre casque de réalité virtuelle. Basée à Saint-Brieuc (22), notre société Live-Out commercialise cette technologie tout en concevant et produisant les contenus immersifs qui plongent les utilisateurs dans un univers quasi réel.

Les intérêts du dispositif sont nombreux, il permet notamment de stimuler la mémoire ancienne et de maintenir les fonctions cognitives. La réminiscence est une véritable opportunité de soin pour les personnes âgées. Sept ans après notre lancement, notre solution est déjà présente dans plus de 200 EHPAD et résidences seniors à travers la France.

Pourquoi utiliser la réalité virtuelle pour soigner la dépression ?

Avec notre solution, nous parvenons à activer des leviers de mémoire ancienne. Nous avons observé, et même mesuré, que la diffusion de certains contenus pousse les personnes à s’exprimer et à renouer le lien social. La typologie des contenus que nous créons influe sur cette dynamique. Par exemple, proposer une baignade avec des dauphins n’a pas de sens si 80 % des résidents n’en ont jamais vu. En revanche, permettre à un ancien parachutiste de revivre un saut ou montrer un Pardon breton à ceux qui l’ont vécu, cela fonctionne. Nous travaillons en collaboration avec les résidents et leurs encadrants, en étudiant leur territoire et leurs souvenirs pour trouver des leviers de réminiscence pertinents.

Le Dr Gabriel Robert, psychiatre au centre hospitalier Guillaume Régnier, rappelle qu’il y a 420 000 nouveaux cas de dépression chez les seniors chaque année. La résistance aux traitements médicamenteux et le manque de soignants compliquent la situation, entraînant un véritable problème de santé publique. Une personne âgée dépressive coûte deux fois plus cher en termes de soins qu’une personne non dépressive. Une étude que nous avons menée avec le Living Lab du CHU de Rennes nous a confirmé que nous maitrisions des facteurs capables d’accentuer les leviers de réminiscence. Les résultats de cette étude ont stimulé le début d’un partenariat avec le centre hospitalier Guillaume Régnier. Prochainement, nous lancerons une étude pour évaluer la faisabilité d’un protocole basé sur le traitement de la dépression par des leviers de réminiscence en réalité virtuelle. Ce travail ciblera les personnes âgées de 65 à 80 ans. Nous créerons un protocole et des outils pour suivre concrètement l’état d’amélioration des patients.

La réalité virtuelle pourrait-elle être aussi un outil de prévention de la dépression chez les seniors ?

Chez Live-Out, nous sommes convaincus que nos solutions représentent une opportunité réelle pour prévenir la dépression. La prévention de la dépression est un enjeu majeur, tant pour la santé publique que sur le plan économique. Par exemple, les mutuelles auraient tout intérêt à proposer des techniques comme la nôtre à leurs adhérents pour renforcer leur bien-être mental et prévenir des coûts liés à des soins plus lourds.

Publié le 19/11/2024

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