[Dossier santé mentale] Prévention, dépistage, aide à la décision… Le CHU de Brest agit pour la recherche en psychiatrie

Rencontre avec Sofian Berrouiguet, psychiatre dans le service Hospitalo-Universitaire de Psychiatrie d’Adultes du CHU de Brest. Il nous parle de quelques-uns des projets innovants dans le champ de la santé mentale menés au CHU pour améliorer les parcours de soins des patients.

Dr Berrouiguet, vous travaillez au sein du service Hospitalo-Universitaire de Psychiatrie d’Adultes du CHU de Brest. Pouvez-vous nous parler des projets innovants en santé mentale que vous menez ?

Absolument. Nous déployons plusieurs initiatives au CHU pour améliorer les parcours de soins des patients. L’un des outils clés est notre tiers lieu d’expérimentation en santé numérique, appelé W.INN. Ce lieu est dédié à l’exploration des outils numériques et de leurs apports dans le domaine des soins.

L’un des projets actuels est le programme ACOORDIA, financé par le fonds de dotation Innovéo. Il s’agit d’un outil numérique intégrant l’intelligence artificielle pour compiler les informations cliniques d’un patient et assister le médecin dans la prise de décision clinique ou thérapeutique. Ce programme utilise diverses sources de données : dossier médical, appels, capteurs de smartphone et montres connectées. Bien que toujours en phase de développement, l’objectif est de créer un outil qui améliore la qualité de vie des patients souffrant de maladie mentale et facilite la vie des cliniciens.

Vous développez aussi des outils pédagogiques pour les soignants en psychiatrie ?

Au sein de W.INN nous travaillons actuellement sur le projet ICOS, pour Intelligent Clinical Outcome Screening system, qui vise à reproduire le contexte d’un entretien clinique en psychiatrie grâce à un agent conversationnel et à la réalité virtuelle. Ce projet est destiné à la formation initiale des étudiants de 5ème année, ainsi que des infirmiers et la formation des médecins déjà diplômés. C’est une manière innovante de préparer les soignants aux entretiens cliniques. Ce projet est également soutenu par le fond Innoveo.

Vous collaborez également avec l’entreprise brestoise OSO-AI sur un projet concernant la prévention des hospitalisations en psychiatrie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

OSO-AI est experte dans la détection de sons pour alerter le personnel soignant des EHPAD en cas de détresse des personnes agées dans leurs chambres. L’entreprise collabore avec nous pour adapter sa technologie au domaine psychiatrique. Pour nous, les risques concernent les états d’agitation et les comportements suicidaires. L’objectif est de détecter des signes précurseurs et de prévenir des hospitalisations. Nous travaillons avec l’école d’ingénieurs ISEN, une anthropologue, Larissa Carvalho Fontes, et un sociologue, Manuel Ireles, afin de traiter les aspects éthiques et institutionnels de ce projet financé par l’ARS.

La prévention du suicide et la détection précoce de la schizophrénie sont deux axes de recherche historiques de votre service. Quels sont les projets en cours sur ces deux axes ?

Notre équipe a assuré avec l’entreprise bretonne sys.vision la mise en œuvre du logiciel de répartition des appels et de partage de données des patients pour le numéro national de prévention du suicide, le 3114 (géré par 18 plateformes dans des centre hospitaliers français ).

Par ailleurs, le CHU de Brest a obtenu un RHU dirigé par le Dr Christophe Lemay en collaboration avec l’IMT Atlantique. Il s’agit de développer un système d’analyse du langage naturel pour détecter chez les jeunes patients des signes prédictifs de schizophrénie. Cet outil intègre du deep learning et est destiné au centre de détection et d’intervention précoce, le CEVUP, que coordonne le Dr Lemay.

Des projets de dépistage de la dépression et d’aide à la prise de rendez-vous en psychiatrie sont également en cours, quels sont-ils ?

En effet nous travaillons sur le dépistage de la dépression en médecine générale (via une application smartphone) en passant par les consultations des parents pour repérer les jeunes déprimés (projet du Pr Bronsard), et sur la mise en place de prescriptions supervisées pour aider les généralistes à gérer les traitements psychotropes. Également, nous développons un outil numérique pour faciliter la prise de rendez-vous dans le cadre du futur service d’accès aux soins psychiatriques (SAS). Cet outil devrait permettre aux patients de renseigner leurs symptômes et de trouver une consultation sous 48 heures. Ce projet est financé par l’ARS Bretagne et Innoveo.

Vous souhaitez en savoir davantage sur ces projets ? Contactez le Dr Sofian Berrouiguet [sofian.berrouiguet@chu-brest.fr]

Publié le 25/11/2024

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