Polymerix 2019 – Résumé de la conférence de Jean-François Berret

Conception d’Assouplissants du Linge plus Respectueux de l’Environnement

Auteurs : E.K. Oikonomou1, N. Christov2, G. Cristobal2, C. Bourgaux3, L. Heux4,
I. Boucenna1J.-F. Berret1
1Laboratoire Matière et Systèmes Complexes, UMR 7057 CNRS Université Denis Diderot Paris-VII, Bâtiment Condorcet, 10 rue Alice Domon et Léonie Duquet, 75205 Paris, France
2Solvay Research & Innovation Center Singapore, 1 Biopolis Drive, Amnios, Singapore 138622
3Institut Galien Paris-Sud – UMR CNRS 8612, Faculté de Pharmacie, Université Paris-Sud XI, 92296 Châtenay-Malabry Cedex, France
4Centre de recherches sur les macromolécules végétales, BP 53, 38041 Grenoble cedex 9, France

jean-francois.berret[@]univ-paris-diderot.fr

Résumé


Les assouplissants concentrés du linge sont des formulations aqueuses contenant environ 10 à 15% en poids de tensioactifs de type esterquat à double chaine aliphatique, principalement issue d’huile de palme [1,2,3]. Dans des brevets récents, il a été montré qu’une partie importante des tensioactifs de ces formulations pouvait être réduite de 50% sans en altérer les performances initiales et remplacée par des biopolymères de guar naturels. Nous étudions ici la structure et la rhéologie des formulations d’adoucissants et identifions les mécanismes à l’origine de ces effets. Les additifs de biopolymères utilisés sont des polysaccharides de gomme de guar, un cationique et un modifié par addition de groupes hydroxypropyles. Les formulations avec et sans biopolymères sont étudiées en utilisant la microscopie électronique optique et cryo-transmission, la diffusion de lumière et des rayons X et enfin la rhéologie. Nous montrons d’abord que les tensioactifs esterquat s’assemblent en vésicules de taille micronique dans les régimes dilué et concentré [2]. Dans le premier cas, l’ajout de guar en petites quantités n’altère pas la structure et la stabilité vésiculaire. En régime concentré, les guars cationiques induisent un encombrement local associé à des interactions de déplétion et conduisent à la formation d’un ordre lamellaire local. En rhéologie, l’ajustement de la concentration en polymère à 1/10 de celle du tensioactif suffit à compenser la diminution de la propriété rhéologique associée à la réduction en tensioactif [2]. En conclusion, nous avons montré qu’avec un choix approprié d’additifs naturels, il était possible d’abaisser de moitié la concentration en tensioactifs dans les agents de conditionnement du linge, résultat qui pourrait constituer une avancée significative dans les formulations actuelles.

Références

[1] E.K. Oikonomou, F. Mousseau, N. Christov, G. Cristobal, A. Vacher, M. Airiau, C. Bourgaux, L. Heux, and J.-F. Berret, Fabric softener-nanocellulose interaction: a model for assessing surfactant deposition on cotton, J. Phys. Chem. B, 121, 2299 – 2307 (2017) https://www.acs.org/content/acs/en/pressroom/presspacs/2017/acs-presspac-march-15-2017/method-could-speed-up-design-of-more-eco-friendly-fabric-softeners.html
[2] E.K. Oikonomou, N. Christov, G. Cristobal, C. Bourgaux, L. Heux, and J.-F. Berret Design of eco-friendly fabric softeners: structure, rheology and deposition on micro- and nanocellulose http://www.cnrs.fr/lettre-innovation/actus.php?numero=542
[3] F. Mousseau, J.-F. Berret, E.K Oikonomou Design and applications of a fluorescent labeling technique for lipid and surfactant preformed vesicles ACS Omega 4, 10485-10493 (2019)


Biographie de Jean-François Berret

Jean-François Berret est directeur de recherche au CNRS au laboratoire Matière et Systèmes Complexes de l’Université Paris-Diderot, Université de Paris où il dirige une équipe travaillant dans les domaines de la physique de la matière molle et de la biophysique.

Il obtient un doctorat en physique du solide à l’Université de Montpellier en 1988, où il débute sa carrière en étudiant les solides désordonnées et la transition vitreuse.

Après 18 mois à l’université de Mayence (Allemagne) en tant que chercheur invité, il change de thématique scientifique en 1993 et s’oriente, toujours à l’Université de Montpellier vers la physique des colloïdes, des polymères et la rhéologie.

En 2000, il passe 4 ans au laboratoire mixte de recherches CNRS-Rhodia dans le New-Jersey (USA) pour travailler sur des applications dans le domaine des nanoparticules.

En 2005, il rejoint le laboratoire Matière et Systèmes Complexes de l’Université Paris-Diderot où il s’intéresse à la biophysique cellulaire et à la nanomédecine. Ses travaux récents concernent la micro-rhéologie des fluides intra- et extracellulaires, et le développement de sondes nanoparticulaires pour l’imagerie et la thérapie en médecine.